Type de texte | source |
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Titre | Essay des merveilles de nature |
Auteurs | Binet, Étienne |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1621 |
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Date de reprint |
, « Platte peinture » (numéro ch. X) , p. 196
Meurtrir la trop grande gayeté des couleurs avec vernix, qui semble du talc, ou du crespe, ou de l’air espars sur le tableau, invention d’Apelles inimitable.
Dans :Apelle, atramentum(Lien)
, « Platte peinture », « Préface au lecteur de la peinture », incipit (numéro ch. X) , p. 190
Quand le grand Alexandre visitant Apelles le Grand voulut parler des couleurs et des peintures ; les apprentis esclatterent si fort de rire que le Maistre en eut peur et honte. Sire (dit-il tout bas) ne parlez point de ce mestier, car ces garçons qui broyent les couleurs crevent de rire vous oyant ainsi begayer : vous estes bon pour conquerir des mondes, et nous pour les coucher sur nos tableaux ; vostre espée et nos pinceaux ne s’accordent pas bien en une mesme main, et pour bien faire chacun doit parler de son métier, autrement on appreste à rire à toute la compagnie. Alexandre se teut, et se print à rire. Ie désire, Lecteur mon grand amy, vous delivrer de ceste peine, et de la peur qu’on ne se gausse de votre niaiserie, quand vous voudrez parler de la platte peinture l’un des nobles artifices du monde. [[4:suite : Zeuxis et Parrhasios]]
Dans :Apelle et Alexandre(Lien)
, « Platte peinture » (numéro ch. X ) , p. 196
Meurtrir la trop grande gayeté des couleurs avec vernix, qui semble du talc, ou du crespe, ou de l’air espars sur le tableau, invention d’Apelles inimitable ; peindre les conceptions d’esprit sur le tableau, l’ame, les affections, enfin peindre ce qui ne se peut peindre comme les tonnerres, esclairs, la voix, la respiration, etc. Asseoir les couleurs proprement : estre trop rude à la charge des couleurs.
Dans :Apelle et l’irreprésentable(Lien)
, « Platte peinture » (numéro ch. X) , p. 203-204
Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on voyoit craquer les tonnerres, et le tintamare des nuées esclattantes et toutes trenchées d’éclairs.
Dans :Apelle et l’irreprésentable(Lien)
, « Platte peinture », « Préface au lecteur de la peinture » (numéro ch. XXXIX) , p. 302
[[4:suit Zeuxis et Parrhasios]] De là vient qu’un d’eux escrit en ses ouvrages, Res ipsa, c’est la chose mesme, non pas la peinture ; et l’autre, Fecit Apelles, ce qu’il mit en trois pieces où il surmonta l’art, la nature, et soy-mesme. Aux autres il mettoit Faciebat, c’est à dire, il faisoit, et à dessein n’a point voulu achever de peur de faire rougir la nature qui se fut confessée vaincuë par l’esprit et par l’art. [[4:suite : Peintres archaïques]]
Dans :« Apelles faciebat » : signatures à l’imparfait(Lien)
, « Platte peinture », « Préface au lecteur de la peinture » (numéro ch. X) , p. 191
[[4:suit Zeuxis et Parrhasios]] De là vient qu’un d’eux escrit en ses ouvrages, Res ipsa, c’est la chose mesme, non pas la peinture ; et l’autre, Fecit Apelles, ce qu’il mit en trois pieces où il surmonta l’art, la nature, et soy-mesme. Aux autres il mettoit Faciebat, c’est à dire, il faisoit, et à dessein n’a point voulu achever de peur de faire rougir la nature qui se fut confessée vaincuë par l’esprit et par l’art. Ce n’est pas comme ces badaux qui estoient si niaiz que pour peindre un cheval ils faisoient un asne ou un bœuf, et encore si mal fagoté, qu’il falloit escrire en gros cadeaux, Messieurs, cecy est un asne, cecy est un buffle, encor mentoit-il, car ils estoient deux, luy le beau premier, et celuy qu’il avoit peint l’autre, et ne sçay qui estoit le plus grossier.
Dans :Peintres archaïques : « ceci est un bœuf »(Lien)
, « La façon de parler des beaux tableaux », p. 203
Quand la peinture estoit encore au berceau, et à son premier laict, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu’il falloit escrire dessus, c’est un bœuf, c’est un asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau ; maintenant il faut mettre dessous, qu’un tel peignoit, de peur qu’on ne creut que ce sont des mors qu’on a collés sur la toile, et des personnes vivantes sans vie, tant le tout est bien fait.
Dans :Peintres archaïques : « ceci est un bœuf »(Lien)
, « Platte peinture », « Préface au lecteur de la peinture » (numéro ch. X) , p. 190-191
[[4:suit Apelle et Alexandre]] Le plus grand trompeur du monde c’est le meilleur Peintre de l’Univers, et le plus excellent ouvrier ; car à vray dire l’eminence de ce mestier ne consiste qu’en une tromperie innocente, et toute pleine d’enthousiasme et de divin esprit. Les Poëtes ont leurs inspirations dans la tête où est la verve poëtique, et les peintres au fin bout des doigts, et à la pointe sçavante du pinceau. Mais il faut tromper l’œil ou tout cela n’y vaut rien ; il faut qu’on croye que cela est creux et enfoncé, cela enflé et boursoufflé, cecy hors d’œuvre, et qui se iette entierement hors du tableau, cecy esloigné d’une bonne lieue, cela d’une hautesse extrême, cela percé à jour, cecy tout vif et plein de mouvement, que ce cheval court et escume à force de souffler, que ce chien iappe voirement, que ce sang coule de la playe, que les nuées tonnent en effet, et que les nuages sont tous descousus à force d’esclairs qu’on void sortir coup sur coup, que cet homme rend l’esprit et qu’on void l’ame sur ses lévres, que les oiseaux bequettent ces raisins et se cassent le bec, qu’on crie haut qu’il faut oster le rideau afin de voir ce qui est caché, cependant il n’y a rien de tout cela, car tout cela est plat, pres, bas, mort et contrefait si artistement qu’il semble que la nature se soit couchée là dessus pour aider le peintre à nous tromper finement, et se moquer de notre bestise. [[4:suite : peintres archaïques]]
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)